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L'oeuvre achevée

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C'était le 27 avril 1996
Le Syndicat d'élevage de la race tachetée rouge de Liddes fêtait son 75e anniversaire.

Il avait associé à cette journée les autorités agricoles cantonales, l'Office des améliorations foncières, les Autorités religieuses et communales, toute la population de Liddes et environ avec toutes les organisations agricoles et d'améliorations foncières.

Ils étaient tous venus ou presque. Ce fut une journée splendide où une population de tous bords est venue admirer, commenter… et trinquer avec la nouvelle génération agricole à laquelle elle a accordé sa confiance en l'encourageant à affronter l'avenir avec sérénité et en la chargeant de maintenir accueillant et charmant ce site qu'est la commune de Liddes. Message reçu et message compris.
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Comment faut-il juger les restructurations et améliorations foncières achevées en regard des griefs formulés avant la votation? Laissons la parole à ceux qui ont suivi l'évolution de l'extérieur.

Les Pèca-Fâves sont en fête. Un jour de pause, en souvenir et en reconnaissance des anciens qui ont depuis des siècles façonné, entretenu ce coin de terre avec courage, en accomplissant un travail de titan avec des moyens rudimentaires. En fête également
pour inaugurer ces nouvelles structures et montrer la direction prise.



Ecoutons un extrait de l'allocution de l'enfant du pays, le directeur de l'Ecole Cantonale d'Agriculture de Châteauneuf, M. Arthur Darbellay.

«Chers compatriotes,
Permettez tout d'abord en «Pèca-Fâves» que je suis de vous dire la joie et l'honneur que j'éprouve chaque fois à retrouver mon pays natal et plus particulièrement en ce jour de fête qui revêt pour moi tant de signification.


En effet, ce jour anniversaire est un jour de reconnaissance envers nos ancêtres, ces premiers éleveurs, ces paysans qui ont forgé au long des siècles ce que Frison-Roche a si justement appelé «la civilisation de la vache». C'est à elle que nous rendons hommage aujourd'hui.
A une époque pas si lointaine, nous lui devions à peu près tout: vache nourricière, elle nous donnait son lait, le fromage, le beurre, le sérac et pour finir sa viande, son cuir. Animal de trait aussi, elle nous donnait sa force.

Pilier central de cette économie autarcique, où l'on vivait dans un cycle fermé, de son propre travail et consommait ses propres produits, la vache avec la chèvre, cette «vache du pauvre» faisait partie de la maisonnée; l'écurie n'était-elle pas partie intégrante de l'habitat? et les saisons marquées par le rythme pastoral - inalpe, désalpe, foins, regains, hivernage.

La vie de famille était aussi liée au sort de son bétail; une bête malade, accidentée qu'il fallait abattre et c'était un drame.

Les Lidderains se sont très vite montrés d'excellents éleveurs, richesse du pays, ainsi non sans quelques pincements de cœur furent-ils dans les premiers, nécessité économique oblige, à troquer la corne de la race d'Hérens contre la plus laitière, mais également bien adaptée à nos régions, la montagnarde race du Simmental…


Aujourd'hui,
l'agriculture de Liddes, toujours centrée sur la production laitière, a subi les évolutions dictées par les impératifs techniques et économiques propres à l'agriculture suisse et internationale:

- réduction du nombre de producteurs
- augmentation spectaculaire de la production, énorme augmentation de la productivité
- avec dix fois moins de producteurs l'on produit dix fois plus!
- rationalisation des structures: remaniement parcellaire, amélioration des étables par la
- construction de ruraux modernes, exploitations agricoles équipées d'installations et de
- machines performantes, gérées par des professionnels disposant d'un troupeau
- sélectionné, de qualité (l'exposition de ce matin mérite nos félicitations), aux
- performances remarquables (5'522 kg); création et rénovation d'une laiterie centrale
- parfaitement équipée pour une mise en valeur optimale du lait.

Dans l'ensemble, l'on constate avec admiration que le pays est cultivé pratiquement jusque dans les derniers recoins, à l'extrémité des alpages.

Le fromage produit est d'excellente qualité, régulièrement primé dans les concours internationaux avec médaille d'or.

Les fonctions essentielles de l'agriculture sont assumées avec un instrument de production à jour.»
Arthur Darbellay


Les conclusions de M. Pierre-Georges Produit, chef du Service cantonal de l'agriculture:

«Finalement, je vois chaque printemps, comme vous, le retour de la montée de la sève et la remontée de la vie. Les agriculteurs sont parmi les premiers à observer chaque année ce grand signe d'espérance dans un monde qui porte à voir tout en noir et vous verrez que la Vie finira par triompher. Ce ne sera peut-être pas à notre bénéfice direct, ce sera alors pour nos enfants. Vous le savez bien, là où est la vie en abondance, là il faut le pain, le vin, le fromage, la maison, les souliers, les habits, les maîtres d'école et tout et tout.

Prenons donc courage. Ce que vous fêtez, c'est l'audace de celles et de ceux qui en 1921 ont pris leurs responsabilités. Ils sortaient d'une guerre pour plonger peu après dans une autre guerre. Pourtant le Syndicat est toujours là et vous aussi. Qui voudrait revivre comme en 1921? Ce qu'on fête, c'est l'anniversaire d'un désir d'aller de l'avant. Il faut continuer. Je tiens encore à vous féliciter pour la manifestation mise sur pied avec compétence pour le 75e anniversaire de votre syndicat. J'ai eu du plaisir à passer la journée à Liddes et à côtoyer pendant un instant votre population. Je remercie les éleveurs pour le grand travail qu'ils font pour assurer le maintien de la vie agricole dans votre vallée à travers la bonne gestion de leurs exploitations et de la fromagerie.»
Le chef du service de l'agriculture
P.-G. Produit



MONSIEUR MAX BESSE
Monsieur Max Besse a été un fin diplomate et un ardent défenseur des projets d'amélioration foncière auprès des Autorités fédérales et cantonales. Il a toujours été à l'écoute des intérêts des propriétaires fonciers. Il a quitté le train en marche. Depuis il travaille sa vigne et fait son vin en chantant: «Il est libre, Max»


M. Max Besse, ancien chef du Service cantonal des améliorations foncières, présente un «produit du terroir» de belle tenue avec la mention «Bagnes 4».




Extrait du message de la Fédération laitière valaisanne:

«Durant l'entre-deux-guerres, en effet, période marquée par des bouleversements profonds, on a vu naître un courant novateur, fruit d'une néessité impérieuse; l'émergence d'une économie de marché. Après des siècles de repli et d'autarcie, des hommes courageux, des pionniers, les fondateurs de votre syndicat entre autres, ont senti le besoin de créer des structures, des outils propres:

- à favoriser et à encourager un élevage de qualité par une sélection rigoureuse;
- à mettre en valeur et à commercialiser nos produits.

Je fais notamment allusion à la création en 1919 de la Fédération laitière des producteurs de lait, suivie par d'autres fédérations et d'autres syndicats.

Aujourd'hui, vous pouvez donc en toute légitimité revendiquer une certaine fierté devant les efforts consentis, auréolés d'un succès incontestable, lorsque l'on admire et apprécie la qualité des animaux ici présentés! Sachons donc aussi faire preuve d'humilité et de reconnaissance devant ceux qui nous ont précédés! Que ce succès, que ce 75e anniversaire soit un signe tangible d'encouragement à poursuivre inlassablement cette œuvre maintenant commencée dans les temps aussi difficiles, mais toujours en ayant dans l'esprit, cet amour du travail bien fait, à la quête constante du beau et du bien.

Qu'il me soit permis d'associer à votre manifestation la réussite d'une entreprise qui ne peut se dissocier de votre réussite dans l'élevage! Je veux parler de celle de la société fromagère de Liddes, et son fromage «Bagnes 4» qui a conquis loin à la ronde, ses lettres de noblesse! Avec pugnacité et ténacité, il s'est taillé une réputation non usurpée, grâce bien sûr à des apports de lait de qualité! Soyez en remerciés!»

Fédération laitière valaisanne
Alphonse Jacquier



QUAND PENSE L'INGÉNIEUR BORGEAT?

«Avant la votation:

En juin 1981, le Département de l'économie publique du canton du Valais ordonnait l'étude d'un avant-projet de remaniement parcellaire intégral pour l'ensemble de la Commune. C'est ainsi que votre Administration a confié à mon bureau le soin d'établir les documents nécessaires. Notre travail consista alors à présenter à l'ensemble des propriétaires, sans trop les effaroucher, des solutions techniques et financières concrètes sur la base desquelles ils devraient se déterminer par vote quant à la suite à donner à ce projet.
A cette époque, il s'agissait de rechercher, avant tout, des formules pour faciliter le travail de l'agriculteur tout en augmentant la rentabilité directe de son exploitation. Nos propositions se sont alors largement inspirées d'expériences acquises dans des communes voisines en cours de remaniement.

Régis Borgeat, ingénieur géomètre et en génie rural, a dû prendre au pied levé la direction du bureau technique suite au décès tragique de Bernard Lonfat.

Ses passions: Le remaniement parcellaire de l'Entremont, l'apéritif chez maman, le FC Sion.

Ce qu'il déteste: Les séances de plus d'une heure et les avocats.



Une fois l'œuvre achevée:

Aujourd'hui, l'unification de l'Europe qui se profile bouleverse quelque peu les données initiales. Aux traditionnels principes de rationalisation et de rendement se substitue un contingentement accru autour de tous nos produits agricoles. Leur écoulement est, en effet, tributaire d'une concurrence toujours plus féroce de la part des pays qui nous entourent.

Des notions plus récentes visent, certainement à juste titre, à lier l'agriculture et le tourisme. Ce nouveau mariage doit alors passer par un meilleur respect de l'écologie. Des prestations redéfinies périodiquement (paiements directs), axées sur l'entretien des zones agricoles, compenseront désormais le prix du lait ou de la viande de plus en plus insuffisant. Malgré ce nouveau contexte, que personne ne pouvait prévoir à la naissance du Consortage, je peux constater et souligner que tous les travaux réalisés durant une quinzaine d'années assurent aujourd'hui à l'ensemble de la commune de Liddes un visage que toutes les stations touristiques du district peuvent regarder sans rougir et avec fierté.

Ce sont en effet le regroupement des parcelles, les réseaux des chemins et d'irrigation mis en place par la volonté des agriculteurs, qui seuls permettent l'entretien soigné du paysage que chacun peut constater. Sans ces infrastructures, il est facile d'imaginer l'abandon quasi total dont auraient été victimes plus de 500 hectares de terres agricoles livrées à une végétation très envahissante dans la seule commune de Liddes. D'une façon plus globale, c'est l'ensemble des Vallées de Bagnes et d'Entremont, soit quelque 5000 hectares, qui est concerné par le nouveau visage que lui confère le remaniement.

L'exécution de cette œuvre a nécessité la collaboration d'un très grand nombre de personnes. Tous les artisans d'une telle réalisation demeurent des hommes avec leurs imperfections mais surtout leur volonté de bien faire.

Je remercie tous les propriétaires d'avoir contribués au bon déroulement des opérations en dépit de quelques contrariétés qu'ils auront certainement rencontrées un jour ou l'autre…
Je veux également rendre hommage aux initiateurs de cette aventure pour leur courage, leur bon sens ainsi que pour la juste perception de l'avenir qu'ils nous ont préparé.»
Régis Borgeat