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La commune
de Liddes, située au cur du Val d'Entremont, entre les torrents de
Pont-Sec et d'Allèves a connu une activité agricole intense jusqu'au
milieu du siècle. |
Le dernier
chevrier, Fernand Lattion, dit le Noir, rendant ses protégées pour
de bon à leurs fermières.
Il fallait se nourrir. La population comptait, en 1900, le
double d'habitants qu'actuellement (650 en 1995). Tout ce que Dame
Nature faisait pousser était encavé ou engrangé. Il fallait même
récupérer le foin des rochers. Les troupeaux de chèvres broutaient
les rives des torrents, les couloirs et les pentes raides en
altitude. |
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Les moutons se régalaient
dans les communaux et occupaient le haut des alpages. Le jeune
bétail estivait à mi-hauteur, au Vernay, à la Dreudze, au Tsapi, au
Creux et s'évadait dans les clairières des forêts en attendant la
repousse. Les vaches broutaient d'abord les mayens et séjournaient
les 3 mois d'été à Erra, au Cur, à Boveyre, à Bavon et en
l'A.
Pratiquement toutes les
familles, y compris le Président, les régents, les cafetiers, le
cantonnier, le forgeron et même Monsieur le Curé déteneaient
quelques pièces de bétail et menu bétail et cultivaient fèves,
céréales, pommes de terre, etc. Chaque village possédait un secteur
appelé «jardin des choux», d'où certainement les familles nombreuses
d'antan, avec la complicité des cigognes bien
sûr.
Dans les années 1960,
c'est le chambardement avec la venue des grands chantiers, barrages,
routes, tunnel et développement touristique. L'agriculture s'est vu
dépouiller des jeunes bras et l'espace agricole s'est lentement
rétréci sous le régime de l'ouvrier paysan. On a vu des parchets
entiers se reboiser et même l'arie agricole entière d'un village
(Vichères) rachetée et reboisée par la Bourgeoisie. L'on a vu
disparaître le dernier troupeau de chèvres, laissant leurs
campements favoris aux cerfs et chevreuils. On a vu les moutons
s'offrir l'alpage d'Erra et abandonner les hauteurs aux chamois et
aux bouquetins. A cette époque, l'on a cru à une ère nouvelle où
l'on pouvait s'éclater à jamais dans les secteurs secondaires et
tertiaires. On a laissé passivement agoniser cette agriculture de
montagne et on a oublié les lettres de noblesse acquises au cours
des siècles. Parallèlement, les bisses d'arrosage, pourtant vitaux
sous cette latitude, n'étaient plus «mouillés» les uns après les
autres, faute de main d'uvre pour les
entretenir. | |